Les coulisses du Vieux qui aplatissait les enfants

Questions / réponses avec l’auteur et illustrateur Thomas Grand

Le vieux qui aplatissait les enfants est ton premier livre pour enfants, comment t’es venue l’idée de l’histoire ?

L’élément déclencheur a été la naissance de ma fille en 2017. De nature plutôt anxieux, je pourrais facilement vivre dans un cabane au fonds des bois. Le paradoxe c’est qu’à l’époque je vivais en plein centre de Manhattan. C’est vrai que c’est aussi un peu une jungle d’une certaine façon. Quand Ava est née, je me suis retrouvé face à cette incroyable énergie de vie qui me disait «Allez viens! Sort de ta grotte!». Puis, des montagnes de questions ont surgit dans ma tête sur ce que c’est que de devenir «parent». Comment tenter de donner des ailes à nos enfants ou en tout cas essayer de ne pas les leur couper par maladresse ou peur de les perdre. Puis, pendant le développement du projet d’autres thématiques sont venues se greffer naturellement sur le thème de base, comme la solitude, la différence, la nature.

Quel a été ton processus de création ?

Avant de me lancer dans les illustrations, j’ai écrit un long texte de huit pages A4. Puis j’ai commencé à créer le découpage de l’histoire et réaliser les premières illustrations. Mais le projet n’a pas cessé d’évoluer jusqu’à son impression. À la demande et avec l’aide de l’équipe d’askip, j’ai effectué un très gros travail pour réduire le texte de huit pages A4 à quelques dizaines de phrases. En ce qui concerne les illustrations, je les ai presque toutes réalisées entre trois et cinq fois afin de choisir la version qui me satisfaisait le plus. J’ai une façon de travailler le dessin qui est assez empirique. Je n’ai pas de méthode. A chaque illustration j’ai l’impression recommencer à apprendre à dessiner. C’est assez angoissant et cela peu prendre beaucoup de temps.

Question de l’œuf ou de la poule; as-tu commencé par les illustrations ou par le texte ?

Au départ il y a le texte. L’histoire se met en place uniquement par les mots. Mais une fois que cette base est en place, se sont d’incessants allers-retours entre l’image et le texte pour arriver au résultat final.

Tu es graphiste, et tu as donc l’habitude de travailler le texte et l’image, est-ce que ça t’a facilité le travail, ou au contraire, as-tu dû te réinventer ?

Pour être très franc, je trouve toujours très difficile de faire du graphisme pour mes projets personnels. Lorsque l’on travail pour un client, il y a des contraintes qui permettent de cadrer les choses. Quand tu travailles sur un projet personnels tout est possible. Cela peut sembler l’idéal dans un premier temps, mais en général, on se rend vite compte que cela peut créer des bloquages plus qu’être libérateur. J’ai donc été très heureux et soulagé de pouvoir m’appuyer sur la maquette mise en place par askip.

Tu as bénéficié d’une année de mentorat au sein du Bolo Klub. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas, pourrais-tu nous expliquer de quoi il s’agit ?

Tous les deux ans, le projet Bolo Klub sélectionne huit illustratrices ou illustrateurs suisses pour développer des projets de livres. J’ai eu la chance d’être sélectionné et sous le mentorat d’Adrienne Barman de pouvoir travailler et développer mon livre. Le but final et d’amener les huit illustrateurs à la Foire de Bologne afin d’y présenter le projets et éventuellement trouver un éditeur. A cause du COVID cela n’a pas pu se faire. Aujourd’hui je me dis que cela a peut-être été une bonne chose… Cela m’a permis de rencontrer askip. Ceci grâce à l’exposition que le Bolo Klub a organisée en janvier 2022 à la Villa Bernasconi, pour remplacer notre rendez-vous manqué avec la Foire de Bologne.

Quelles ont été les réactions face aux premières illustrations (qui avaient été exposées à la Villa Bernasconi) ?

J’ai eu le plaisir de constater que dans la majorité des cas, mon travail touchait les gens. Le style des illustrations mais aussi les thématiques abordées dans mon histoire. Suite à un petit sujet réalisé par la RTS sur cette exposition, j’ai même reçu un e-mail du Québec pour savoir comment se procurer le livre.

Quels sont tes projets pour la suite ?

J’ai deux nouveaux projets de livre «jeunesse» qui tournent dans ma tête. L’un parle d’un musicien, l’autre d’un poulpe. Je suis passionné de musique et j’adore le poulpe (grillé). Pour l’instant, il ne s’agit que de quelques notes au fond d’un carnet. Concernant «Le vieux qui aplatissait les enfants» j’ai un projet d’adapter le livre en spectacle pour enfants. Mais là aussi rien n’est encore fait. C’est en discussion. Fingers crossed comme on dit à New York!

photos: Lucien Crausaz