Questions / réponses avec l’autrice et illustratrice Anne Crausaz
Comment t’es venue l’idée du livre ?
Les éditions askip m’ont donné carte blanche pour travailler autrement, en me proposant notamment de dessiner à la main. J’aime beaucoup travailler sur les sensations, mais la technique du dessin vectoriel (Illustrator) que j’utilise habituellement s’y prête moins car je dessine de manière assez graphique, sous forme d’aplats, sans matière.
Avoir comme point de départ la gouache était l’occasion rêvée de travailler sur les éléments et les sens. Les quatre éléments sont de plus en plus présents dans l’actualité, entre incendies, inondations, avalanches, tempêtes et écroulements de terrain. Quant aux cinq sens, malgré le fait que l’enfant les utilise au quotidien, il doit d’abord apprendre à les nommer, puis, en grandissant, lorsqu’il les connaît enfin, il n’y prête plus vraiment attention.
De quoi parle-t-il ?
Dans ce livre d’images, je propose d’associer chaque éléments poétiquement à un sens: sentir le feu, le voir, le toucher, l’entendre et le goûter. Sentir l’eau, la voir, la toucher, l’entendre et la goûter… Quatre éléments multipliés par cinq sens. Le fait d’isoler un sens pour chaque élément permet de lui prêter une attention particulière puisque dans la réalité, les sens sont souvent enchevêtrés.
En quoi est-il différent de tes précédents ouvrages ?
Je dirais qu’il est différent et proche à la fois. Il est très différent par la technique utilisée mais finalement aussi assez proche dans le contenu. Ma source d’inspiration se trouve souvent, dans les livres qui paraissent chez MeMo, dans les sciences naturelles. Pour l’imagier des sens, je suis plutôt allée chercher dans mes souvenirs sensoriels et d’enfance.
Quel a été ton processus de création?
Je suis partie d’abord avec l’idée d’être assez objective pour parler des sens et des éléments pour finalement m’en éloigner et ne surtout pas donner de réponse scientifique aboutissant à un documentaire. J’ai aussi commencé par dessiner des personnages qu’on voyait expérimenter pour ensuite, en discussion avec les éditrices, repartir sur la sensation elle-même, sans distance. J’ai donc plutôt gardé des images imparfaites, à la gouache tantôt liquide, tantôt plus pâteuse, pour permettre aux lecteur·trices de plonger encore plus dans les sens et aller puiser dans leurs propres souvenirs et leur imagination.